3 - Les aspects humains du problème-loup
Sur le plan technique, il existe donc des solutions différentes, et qui toutes peuvent se révéler assez efficaces, aux problèmes des éleveurs. Mais dans un deuxième temps, on doit s'intéresser à la place du loup dans les sociétés humaines, aux relations qui s'installent entre le prédateur et les hommes. Sur tous les territoires étudiés, on a pu constater que la présence du loup est gérée sur le plan du symbolique - bien en amont d'une gestion politique du problème.
"Ici, dans la Culebra, nous avons toujours eu le loup. Il est l'ennemi naturel, raconte Vincente Martellan, chef des gardes de la Réserve de la Culebra. Quand j'étais petit, les vieux bergers aimaient beaucoup raconter des histoires de loups.' le grand-père de ma femme, par exemple, mort récemment - il avait plus de 100 ans - racontait qu'il va toujours eu des attaques et des dégâts AUjourd'hui, les enfants en ont toujours peur, on les menace encore avec ça. Je connais la Fran ce, j'ai vécu dans le Massif central. Là-bas, ces histoires sont très anciennes. ICI; cette culture nous est restée:".
Au-delà des histoires et des légendes qui affle urent, souvent à l'identique, des Asturies à la Transsylvanie, on constate que diverses méthodes sont appliquées à la gestion du "symbole-loup". Tout d'abord, une distinction politique : en Italie, l' spèce est protégée depuis 1972 - le loup ne peut donc pas être chassé. En Roumanie et en Espagne (du moins à Somiedo et la Culebra), au contraire, l'espèce n'est pas placée sous protection stricte. Le loup peut donc être chassé, selon des modalités diverses, dans ces espaces protégés. Les méthodes de gestion, aussi diffé rentes soient-elles, sont perti nentes, et relativement efficaces: dans les Abruzzes, le climat s'est nettement amélioré depuis les relations tendues avec les éleveurs du début des années 70. A Somiedo, de l'avis général, le loup fait partie des "problèmes secondaires". Et le récent mouvement de radicalisation de certa ins éleveurs espagnols, notamment léonais et asturiens, ne semble guère avoir touché la Culebra.