1.1 - Moins de 1% de pertes : le loup, ici, on le connaït

Pour la protection des ovins, on a retrouvé sur presque tous les espaces visités l'utilisation de la trilogie chiens-berger-enclos de nuit. Pour les bovins et équins, différentes combinaisons de ces trois éléments peuvent être utilisées. Si elles ne sont jamais efficaces à 100 %, ces stratégies se révèlent cependant largement fonctionnelles. Les chiffres obtenus sur place concordent avec les témoignages directs: moins de 1 % de pertes sur les cheptels les plus importants de Somiedo et de la Sierra de la Culebra, 0,6 % à Piatra Craiului, dans les Carpates, moins de 0,1 % dans les Abruzzes ...

 

"Dites bien aux éleveurs du Mercantour que s'ils veulent voir le loup proliférer dans les Alpes, ils n'ont qu'à laisser leurs troupeaux vagabonder en toute liberté dans la montagne, sans chien et sans berger". En cet automne 1997, Gregorio Rotolo, éleveur à Civitella Alfadena, dans les Abruzzes, paraît plutôt amusé par les problèmes que connaissent les éleveurs français. "Le loup, ici, on le connaît, ajoute-t-il. Et je peux vous dire que celui du Mercantour doit être bien gras, et certainement très reconnaissant envers les éleveurs qui laissent leurs troupeaux sans protection ! Dites-le bien aux éleveurs français". Pour lui, la conduite d'un troupeau ovin passe par quelques solutions techniques que doit impérativement connaître tout berger s'il ne veut pas "engraisser le loup".

Des solutions qui lui paraissent l'évidence même, qui font partie de son travail depuis toujours, et qu'il résume par une formule simple: "Chiens, berger, enclos nocturne : il n 'y a rien de mieux pour protéger un troupeau".

 

"Ici, dans les Abruzzes, les risques liés à la présence des prédateurs sont intégrés par l'éleveur, confirme Rosario Fico, vétérinaire de l'institut de Zooprophylaxie Expérimentale des Abruzzes et Molise, qui a traité près de 5000 demandes d'indemnisation en une dizaine d'années. L'ours et le loup ont toujours été présents sur ce territoire: le berger connaÎt bien les habitudes de ces prédateurs, il sait se défendre, et il a intégré le risque. Dans un manuel agricole du siècle dernier, par exemple, les pertes dûes au loup, que l'auteur évalue à 1 %, sont comprises dans les prévisions".