5.1 - Espagne : le chasse au loup comme soupape de sécurité - et comme source de devises




































"L'ours est le drapeau de Somiedo ". "L'ours est le futur de ce territoire" : à Somiedo, on a bien conscience de la "valeur" de l'ours, y compris au niveau touristique. Mais pour les autorités du Parc Naturel, le loup ne semble pas "valorisable "


Dans la Sierra de la Culebra

La valorisation du capital-loup est faite de manière directe, brutale, et immédiatement quantifiable : "Le droit de chasse au loup et au gros gibier est mis aux enchères, explique Emilio Roman, maire de Villardeciervos. Les chasseurs sont avertis par voie de presse, on tire au sort le bénéficiaire. La commune en tire 650 000 pesetas de bénéfice (4000 euros) pour un loup, 620 000 pesetas (3800 euros) pour un cerf . Cette chasse ne concerne pas les gens d'ici, nous sommes trop pauvres. Les chasseurs viennent de toute l'Espagne pour celà". En 1999, trois loups de la sierra pourront ainsi être "valorisés" par trois chasseurs étrangers à la région : "Cet argent est important pour tout le monde, explique cet élu. Il permet l'entretien de la voirie, d'améliorer les structures villageoises; l'an dernier, nous avons par exemple rénové une fontaine publique grâce à cet argent..."

Le maire de Villardeciervos voudrait bien développer le tourisme : "En temps que représentant de cette commune rurale, je crois qu'il faut essayer de développer une certaine forme de tourisme - pour permettre aux gens de voir les loups, les cerfs, et autres animaux sauvages. C'est ce que veulent les touristes. On voit venir des gens de Barcelone, de Madrid, de partout pour voir le loup". L'association écologiste Ciconia-Coda organise en effet 4 ou 5 excursions par an dans le but d'observer le loup, avec de petits groupes de 8-9 personnes. Une soixantaine de personnes étaient attendues pour la semaine sainte 1999.

"Pour le moment, comme ressources, nous avons le tourisme et l'élevage, continue le maire de Villardeciervos. Mais je voudrais favoriser le tourisme. Nous avons une très belle réserve". Mais en dehors du tourisme de chasse, Emilio Roman ne semble trop savoir comment mettre en valeur le capital touristique de la Culebra. "Au niveau de la mairie, nous ne faisons que de la promotion, à la radio et dans les journaux. Il faut comprendre que nous vivons dans une zone rurale défavorisée. Mais plusieurs associations commencent à développer et promouvoir le tourisme équestre et à vélo".

Dans les monts de Somiedo

Le loup n'est ni un vrai problème, ni une priorité. L'ours, par contre... "L'ours est le drapeau de Somiedo" nous a affirmé le représentant des éleveurs Guillermo Feito. "L'ours est le futur de ce territoire" renchérit le maire de Pula de Somiedo. Concrètement, le maire de Pula ne pense pas que le "capital-loup" de Somiedo puisse être réellement utilisé un jour.

"Les touristes sont attirés avant tout par la découverte des milieux naturels, ainsi que par notre remarquable patrimoine bâti, avec entre 300 et 500 cabanes aux toits de genêts (teitas ou brafias)". Belarmino Fernandez a bien conscience de la "valeur" de l'ours, y compris au niveau touristique. Mais le loup ne lui semble pas "valorisable".

Ce qui n'empêche pas la carte du tourisme d'être jouée: "En 1988, il n'y avait pas de tourisme, et guère plus que deux ou trois pensions sur le village. Aujourd'hui, 100 habitants vivent du tourisme. Il y a deux campings, et 1000 lits répartis entre gÎtes, chambres d'hôtes et hotels ruraux. L'industrie hôtelière est contrôlée: pas plus de 20 chambres par hôtel, pas de construction d'hôtels en dehors des villages, réhabilitation de maisons (gÎtes)".