4 - Protéger les troupeaux, protéger le loup : pistes écologiques pour une stratégie globale
Il existe donc des outils qui, sur un plan technique ou symbolique, permettent de favoriser à la fois le pastoralisme et le prédateur. Mais il existe peut-être aussi un niveau de compréhension, sinon d'intervention plus globale sur le système, comme nous l'ont expliqué plusieurs intervenants scientifiques lors de ces stages. Par l'étude des interrelations qui régissent, sur un territoire donné, la productivité de la végétation, les populations d'ongulés - sauvages et domestiques - et la présence de prédateurs, cette piste écologique aborde le problème du loup sous l'angle de ses proies.
"C'est une chance pour le loup des Abruzzes, affirme Cinthia Sulli, responsable du Centre de Recherche du Parc National des Abruzzes. Nous avons cette présence abondante d'ongulés sauvages. Sangliers, chevreuils et cerfs constituent les proies principales du loup des Apennins". En réalité, même si les autorités du parc restent relativement discrètes sur ce chapitre, il ne s'agit pas seulement de chance: il y a bien eu réintroduction d'ongulés sauvages dans les Abruzzes. De même que sur les territoires du Gigante, de la Sierra de la Culebra, de Somiedo... A part dans les Carpates, tous les espaces naturels étudiés ont connu la réintroduction d'ongulés sauvages, parfois, comme en Espagne, dans le but avoué et conscient "d'éloigner le loup du bétail". Dans tous les cas, le phénomène apparaît comme une des données du problème-loup - avec des conséquences sur la flore ainsi que sur le cheptel local.