5.3 - En Roumanie : prise de conscience d'un capital touristique
LA "CABANA LUPULUI"
A la "Cabane aux loups" vivent deux loups en captivité. Agés de 4 ans, ils font l'objet d'étude sur le mode de nutrition de l'espèce. Les deux jeunes loups ont été récupérés à l'âge de dix jours dans un centre d'élevage (fourrure). Ils ont été nourris au biberon, et installés dans l'enclos dès qu'ils ont pu se nourrir seuls. Plusieurs étudiants néerlandais de l'institut Van Hall de Leenwarden se relaient sur place pour étudier leur comportement et leur mode de nutrition. La Cabane aux loups se veut également un centre de vision ouvert aux visiteurs, et préfigure un futur Centre de Vision des grands Carnivores, qui pourrait ouvrir ses portes dès 2003. "Sur ce projet, nous travaillons en partenariat avec le WWF et l'Université de Münich, explique Andrei Siumer. Actuellement nous cherchons encore des financements : le coût global est estimé à 1,5 million de dollars (1,7 million d'euros). Ce centre sera un vaste espace doté de plusieurs postes d'observation d'où l'on pourra observer des carnivores vivants, et égaIement observer les proies"
En Roumanie, le Parc Naturel de Piatra Criului semble vouloir jouer la carte de ''l'écotourisme et de l'écodéveloppement'', comme alternative bienvenue au commerce des trophées - héritage des années Ceuscescu.
"Actuellement, il est difficile d'évaluer ce qui rapporte plus : la chasse, ou l'écotourisme, explique Andrei Blumer, chargé de la partie "Ecotourisme et Développement rural" au sein du Projet Grands Carnivores des Carpates. Un trophée d'ours, par exemple, vendu à un chasseur étranger ; rapporte jusqu'à 30 000 marks (plus de 18000 euros). Mais quand la population locale se rendra compte de ce que peut rapporter le tourisme, cette pratique gagnera en importance". Notre interlocuteur Andrei Blumer résume la double stratégie de mise en va leur de la présence des grands carnivores dans la région de Craiului.
"Le but de notre démarche n 'est pas de développer le tourisme pour le tourisme. Nous cherchons à développer un modèle d'écotourisme vrai, ce qui implique l'acceptation de la présence des grands carnivores. La population locale doit pouvoir tirer un bénéfice substantiel de cette présence, tant du point de vue économique que social, Nous recherchons l'effet boule de neige au sein de la population locale: sur la commune de Zarnesti, par exemple notre meilleur ambassadeur au niveau local est le propriétaire de la première pension familiale sur la commune. Nous l'avons invité à une réunion du groupe de travail avec la population. Son témoignage est précieux : en moins d'un an il a réussi à doubler la capacité de sa pension. Aujourd'hui, à Zarnesti, il y a quatre pensions, un loueur de vélo, et un centre équestre qui va démarrer sous peu".
A Zarnesti, ville de 27 000 habitants qui compte un taux de chômage de plus de 50 %, le futur Parc de Vision des Grands Carnivores est ressenti comme un centre de développement potentiel : "Les autorités locales ont la volonté d'attirer non seulement les touristes capables de faire des randonnées et les montagnards, mais aussi les visiteurs plus passifs, qui peuvent également être intéressés à l'observation des grands carnivores. Dans la région, on n'acceptera pas la construction de grands hôtels. Au contraire, on favorise la création de petites pensions familiales : ainsi les bénéfices et les retombées du tourisme pourront se diviser au sein de la population".
"Mais le développement rural, ce n'est pas seulement l'écotourisme. Il faudrait créer un fonds de développement rural pour aider la population. Déjà, nous avons un programme d'aide pour les bergers - notamment pour le financement de clôtures électriques. Nous avons mené deux expériences l'an dernier, dont une s'est révélée très positive. Cette année, 20 clôtures seront achetées et testées. Nous allons également essayer d'améliorer la qualité de la race canine locale, une association pourra fournir aux bergers des chiens de race locale de bonne qualité".